Le couple Manouchian : des immigrés arméniens héros de la Résistance
Deux immigrés aux vies croisées
Si Missak Manouchian et Mélinée Soukémian se rencontrent en France, leurs vies respectives s’entrecroisent dès leurs premières années.
Nés l’un comme l’autre dans l’Empire ottoman, ils sont tous deux confrontés à l’assassinat de leurs parents lors du génocide arménien en 1915.
- Mélinée a alors deux ans
- Missak en a neuf quand sa mère meurt de famine après la disparition de son père, tombé sous les tirs des gendarmes turcs.
Pris en charge par la communauté arménienne au lendemain de la Première Guerre mondiale, le jeune garçon est envoyé avec son frère Garabed dans un orphelinat situé dans la région libanaise de Jounieh, alors sous contrôle français.
Un couple de partisans
Devenu le modèle de certains peintres, Missak entre dans le milieu artistique et continue à écrire des poèmes.
Avec son ami arménien Kégham Atmadjian, il décide alors de s’inscrire en auditeur libre à la Sorbonne pour suivre des cours de littérature, philosophie ou politique.
Dès 1930, les deux immigrés fondent la revue Tchank (« effort ») où sont publiés des articles de littérature française et arménienne.
Missak adhère quatre ans plus tard au Parti communiste français, et rejoint le HOC, un Comité de secours pour l’Arménie, pour lequel il devient le deuxième secrétaire et le rédacteur en chef de leur journal, dénommé Zangou.
Également membre du Parti communiste français, Mélinée assure le secrétariat administratif du HOC et s’engage pour les travailleurs immigrés lors des grèves du Front populaire.
Le temps de la résistance
En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. Face au pacte germano-soviétique, Missak Manouchian est arrêté le 2 septembre 1939 pour son engagement auprès du Parti communiste français.
Mélinée Manouchian s’empresse alors de brûler toutes les archives laissées au siège de l’Union populaire franco-arménienne sur lesquelles sont notés les noms et adresses des partisans.
Pour échapper à l’emprisonnement, Missak décide de s’engager volontairement dans une unité militaire française, puis dans une usine d’armement. Après une fugue, celui-ci est incarcéré par le S.D. au camp de Compiègne en tant que partisan communiste, avant d’être libéré en 1941, par manque d’accusations.
À partir de cette période, le couple rejoint la Main-d’œuvre immigrée (MOI) créée par la résistance communiste et entre dans le groupe armé des Francs-tireurs et partisans.
Responsable d’une cinquantaine de militants, Missak accomplit une trentaine d’actions dans Paris entre les mois d’août et de novembre 1943. De son côté, Mélinée est chargée de repérer les futures cibles d’attentats, de transporter des armes et d’établir des comptes rendus.
L’emblématique Affiche rouge
En 1943, les résistants du FTP-MOI se savent surveillés. Le 15 novembre, Mélinée est interpellée par un policier avec un sac rempli d’armes dans le métro parisien, mais par chance, celui-ci la laisse repartir sans la prendre au sérieux.
Le lendemain, Missak est arrêté en gare d’Évry Petit-Bourg avec plusieurs militants, tandis que son épouse parvient à prendre la fuite tout en récupérant ses précieux comptes-rendus.
Après de longs interrogatoires menés sous la torture, le tribunal militaire allemand du Grand-Paris le condamne à mort avec vingt-deux autres résistants. Dix d’entre eux sont alors sélectionnés pour la composition de l’Affiche rouge, un outil de propagande blâmant « l’armée du crime ».
Puis, le 21 février 1944, l’ensemble des résistants sont assassinés au Mont-Valérien. Loin de glorifier le pouvoir allemand, cette Affiche rouge devient l’emblème du martyre des résistants.
De son côté, Mélinée
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